Shahed 136 : La munition iranienne utilisée comme drone-suicide
Le Shahed 136 est une munition de flottement iranienne, également connue sous le nom de drone suicide, conçue par Shahed Aviation Industries et produite par HESA. Il est entré officiellement en service auprès de l'Iran en 2021. En persan, Shahed signifie témoin. Son rôle principal est d'attaquer des cibles terrestres stationnaires avec des coordonnées préétablies. Cependant, il n'est pas efficace contre les cibles en mouvement.
Le drone a une forme d'aile delta et utilise un moteur à piston MADO MD-550 qui développe 50 ch, similaire au Limbach L550E allemand. Sa vitesse maximale est d'environ 185 km/h, et son rayon d'action est estimé entre 1 000 km et 2 500 km, avec un plafond de vol pouvant atteindre 4 km. Le drone est équipé d'une ogive à fragmentation hautement explosive qui pèse environ 36 à 50 kg, ce qui la rend plus puissante qu'un obus d'artillerie de 155 mm.
Le Shahed 136 est lancé à partir d'un rack pouvant contenir cinq drones, qui peut être installé sur un camion. Le drone est lancé presque horizontalement et utilise un décollage assisté par fusée. Il n'y a pas de télécommande pour le drone. Il utilise un simple système de navigation inertielle avec un système GPS grand public pour atteindre sa cible. L'utilisation opérationnelle a révélé que le drone est résistant aux fusils anti-drones et aux systèmes de guerre électronique.
Utilisation opérationnelle et variantes du Shahed 136
Le drone n'est pas très efficace contre les cibles militaires en raison de sa conception large, lente et bruyante, émettant un son distinctif similaire à celui d'une tondeuse à gazon ou d'une mobylette. Il peut être entendu à de grandes distances et certaines sources suggèrent qu'il a été spécialement conçu pour détruire des infrastructures civiles plutôt que des cibles militaires. Malgré ses limites, le drone est plutôt bon marché, les estimations de son prix unitaire variant de 20 000 à 50 000 dollars.
L'année 2019 a été marquée par l'apparition d'un essaim de drones.
En 2019, un essaim de 25 missiles et drones, dont le Shahed 136, aurait été lancé depuis la base militaire iranienne d'Omidiyeh contre une usine pétrolière saoudienne. Bien que les Houthis aient revendiqué l'attaque, les enquêteurs de l'ONU ont conclu qu'elle avait été exécutée par l'Iran. Cet incident a mis en évidence le fait que les défenses aériennes de l'Arabie saoudite ne sont pas totalement efficaces contre de telles attaques de drones.
L'examen des drones écrasés et abattus en Ukraine a révélé que le Shahed 136 utilise un certain nombre de composants occidentaux et chinois dans sa construction. Les Ukrainiens ont indiqué qu'il utilisait un processeur informatique fabriqué par Altera Corporation aux États-Unis, bien qu'il ne porte aucune marque. Cela indique que l'Iran a réussi à surmonter les sanctions et à recevoir des composants essentiels pour ses drones qui ne sont pas en vente au grand public.
Geran 2 est le nom russe du Shahed 136, qui serait équipé d'un système de navigation par satellite GLONASS. En 2022, la Russie a obtenu au moins 2 400 de ces drones de l'Iran pour répondre à un besoin opérationnel urgent pendant la guerre avec l'Ukraine. La version russe a été largement utilisée contre des cibles civiles ukrainiennes, telles que des centrales électriques. Les Ukrainiens ont indiqué que leurs systèmes de défense aérienne avaient intercepté 85 % de ces drones, mais que certains d'entre eux avaient tout de même réussi à atteindre leurs cibles.